La Fontaine et son mécène Nicolas Fouquet
Comme vous avez pu le découvrir en lisant notre biographie de Nicolas Fouquet, le bâtisseur du château de Vaux-le-Vicomte était un grand amoureux et un protecteur des arts et des lettres. Lors de son arrestation, son ami Jean de la Fontaine s'insurge et publie un texte resté célèbre et toujours étudié par les écoliers du XXIème siècle : Elegie aux nymphes de Vaux.
Nicolas Fouquet et Jean de La Fontaine
Les deux hommes s'apprécient et s'estiment beaucoup. En 1658, le surintendant des Finances est l'un des personnages les plus puissants du royaume et s'imagine déjà en digne successeur du cardinal Mazarin à la fonction très enviée de Premier ministre. Il décide alors de tenir une cour d'écrivains et de s'afficher comme un homme d'esprit et de lettres.
Mis en relation par l'intermédiaire de Paul Pellisson, alors secrétaire de Fouquet, ou peut-être via l'entremise d'un oncle de sa femme, Jannart, alors substitut de Fouquet, Jean de la Fontaine découvre en la personne de Nicolas Fouquet un mécène prodigue. Ce dernier le prend sous sa protection et lui verse même une pension pour lui permettre de s'adonner à son art libéré des contingences matérielles.
La relation entre les deux hommes sera prolifique. Jean de la Fontaine dédie à Nicolas Fouquet Adonis, un roman mythologique achevé en 1658, rédige des vers en son honneur. Il entreprend aussi une description du château de Vaux-le-Vicomte, qui est alors en train de sortir de terre, intitulé le Songe de Vaux. Cette oeuvre demeurera inachevée.
Sa participation à la cour des écrivains mise en place par le surintendant permet à Jean de la Fontaine de se lier d'amitié avec les esprits les plus brillants de son temps, comme Saint-Evremond ou Pellisson.
La disgrâce de Fouquet, le soutien de La Fontaine
En 1661, le rêve se brise. Le tout-puissant surintendant aux finances Nicolas Fouquet est arrêté sur l'ordre de Louis XIV, accusé de malversations. Cette chute soudaine disloque la cour de protégés qui gravite autour de cette homme lettré. Si beaucoup tournent le dos à Fouquet, certains demeurent fidèles à l'homme exceptionnel et au mécène qu'il fut. C'est notamment le cas de Jean de la Fontaine.
Son soutien indéfectible à Fouquet poussera Jean de la Fontaine à rédiger deux nouvelles oeuvres, destinées à infléchir la position du roi. Élégie aux nymphes de Vaux paraît en 1661 et Ode au roi pour M. Fouquet est publiée en 1663. Sa prise de position lui vaudra un exil provisoire loin de la cour, dans la ville provinciale de Limoges. Jean de la Fontaine restera longtemps à la marge de l'organisation officielle du monde littéraire.
Ses fables seront marquées par son analyse lucide et un brin amère sur les méthodes et les hommes de son temps. Nous pouvons dire, sans trop prendre de risques, que Nicolas Fouquet a profondément marqué l'ensemble de l'oeuvre littéraire de son ami et protégé Jean de la Fontaine.
Lorsque vous visiterez le château, gardez une pensée émue pour les grands esprits qui refirent jadis le monde dans ses salons, armés d'une plume et de l'amour des mots.